Après les supplices de l’esclavage et de la colonisation, les africains indépendantistes ont espéré un temps de grâce au cours de la période des années 1960. Comme dans une évasion massive, chaque gouvernement atteignait l’autonomie interne dans la gestion de son territoire et de ses ressources. Cet acte traduisait l’expression d’une souveraineté endogène et la possibilité de s’exprimer dans les grandes conférences au nom de son pays. Ce rêve d’une réelle liberté, indépendance complète voulue par la Charte de l’Atlantique dès 1941, va s’estomper lorsque les dirigeants, héritiers du colonialisme, auront en esprit le plein exercice de leur souveraineté sans la boussole occidentale. Cette lueur de prise de conscience a engendré l’ère des coups d’État et des putschs en Afrique.
Une rétrospective phénoménographique montre que des déstabilisations étatiques perdurent jusqu’à nos jours. L’Afrique s’érige alors en théâtre d’affrontements fratricides et homicides sous l’arbitrage des anciennes métropoles. Ce continent fait la course en tête, en enregistrant le plus grand nombre de guerres à l’ère contemporaine, dont nombre d’entre eux sont d’une rare cruauté.
Désormais, l’histoire s’écrit pourtant par des acteurs africains sans aucune autre main étrangère. Dans son ouvrage intitulé Les guerres d’Afrique, des origines à nos jours, Lugan (2013) comptabilisait 70% des décisions onusiennes et 45% des séances du Conseil de Sécurité des Nations unies sont consacrées principalement aux conflits en Afrique[1]. Le continent est donc au centre de toutes les attentions mais aussi au centre de tous les revirements de situation[2].
Par ailleurs, en Afrique, les formes de violence ont considérablement évolué ces dernières années. Les conflits classiques à grande échelle et les guerres civiles sont moins répandus et moins intenses ; laissant place à des conflits beaucoup plus complexes avec une mutation extraordinaire sans cesse. Ce qui contrarie forcement les stratégies des Etats et en l’occurrence de leurs forces armées et de sécurité.
En effet, les forces armées et de sécurité des pays de la région, en l’occurrence, la bande subsaharienne, sont confrontées sur le terrain, à des menaces complexes en rupture avec les schémas interétatiques classiques pour lesquels elles ont été conçues[3]. A l’asymétrie[4], vient s’ajouter le caractère hybride des menaces[5], mi- politique, mi- criminelle, avec l’émergence d’ « entités » hybrides, consubstantiellement terroriste et criminelle »[6]. Ayant pris l’habitude, jusqu’à là d’appréhender les risques et les menaces en terme stato-centrés, ces forces sont désormais amenées à revoir leurs stratégies pour répondre à des menaces non étatiques fluctuantes.
Toutefois, cette problématique n’est pas forcément propre au continent africain ou à la bande subsaharienne. Les relations internationales sont dorénavant, marquées par l’apparition d’un terrorisme qui s’est mondialisé et qui place de nouveaux acteurs, non-étatiques[7], au cœur de la politique internationale, imposant aux États [et à tous les autres acteurs concernés par la lutte contre le terrorisme] de repenser leurs cadres stratégiques en fonction de la menace.
Les conditions d’organisation du contre-terrorisme, ont donc été repensées du global au local. Les transmutations incessantes des méthodes terroristes ont contraint, parallèlement à des innovations dans les différentes répliques contre cette menace. D’ailleurs : « le terrorisme de masse ou « terreur-monde », comme l’a nommé Edgar Morin, ne répond pas aux cadres traditionnels des menaces auxquels les États avaient été jusque-là appelés à répondre ». Car, les perspectives traditionnelles de la sécurité insistent plus sur le rôle de l’État et lui attribue la fonction principale de garant de la sécurité des individus. Pourtant l’État peut faillir à sa mission[8].
Face aux insuffisances du garant naturel de la sécurité en raison du caractère diffus, de la mobilité et de la volatilité de la menace, « la lutte contre le terrorisme telle que pratiquée dans la région exige une extrême mobilité des forces. Elle est par ailleurs une guerre d’usure et d’adaptation permanente dans laquelle la dimension civilo-militaire joue un rôle majeur ».
Les actions civilo-militaires sont un enjeu essentiel en la matière pour une meilleure acceptation des forces en présence par les populations locales et, combinées avec des enjeux de développement, elles demeurent un outil efficace d’image et de perspective d’actions. La nature du combat contre le terrorisme se manifeste sous plusieurs formes aujourd’hui et ne concerne plus uniquement les acteurs traditionnels engagés dans les systèmes sécuritaires étatiques[9]. Il est dans ce sens capital d’associer les populations civiles à cette lutte contre le terrorisme tout en leur garantissant les droits et libertés fondamentaux .D’ailleurs, le Conseil de sécurité de l’ONU souligne régulièrement la complémentarité entre des mesures efficaces contre le terrorisme et le respect des droits de l’Homme, des libertés fondamentales et de l’Etat de droit et le fait que le succès dans la lutte contre le terrorisme en dépend.
Approche conceptuelle et législation antiterroriste
La dernière décennie a vu une augmentation d’études sur le terrorisme dans la région du lac Tchad. La définition du terrorisme a été cruciale rendant ladite question controversée et ouverte en même temps aux interprétations divergentes. De nombreux facteurs[10] ont été identifiés comme contribuant à la complexité qu’implique la définition du terrorisme.
Selon Weinberg et al. (2004), les principaux facteurs qui empêchent toute tentative de fournir une définition formelle du terrorisme comprennent l’utilisation du terme à des fins politiques liés aux caractéristiques analytiques de la menace. D’autres soutiennent qu’une grande partie de la difficulté entourant la définition du terrorisme découle de la nécessité de développer une signification concrète du terme.
Ce terme reste ambigu du fait que les gouvernements et les universitaires notamment cherchent à le définir pour classer toute forme de violence non conventionnelle comme terrorisme. Du fait de cette divergence d’approche, la tendance juridique continue de servir de définition primaire et officiellement reconnue et utilisée par les différents gouvernements composant cette région, à l’instar de beaucoup d’autres d’ailleurs. Il est donc question de concevoir le terrorisme par le lien subjectif avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. Il faut noter aussi que la plupart des Etats ont recours aux définitions universelles : les conventions onusiennes sectorielles, régionales etc.
Mais qu’est-ce que le terrorisme ? A cette question, on ne peut pas apporter une réponse univoque. Pour Didier Bigo, «le terrorisme n’existe pas : ou plus exactement, ce n’est pas un concept utilisable par les sciences sociales et la stratégie. En revanche, l’usage du terme a une forte signification politique[11].» C’est pourquoi, Bien avant, en 1974, J-A Salmon déniait l’existence en droit international contemporain de notion autonome de terrorisme. Pour l’auteur, il est difficile de dégager des critères pour le terrorisme imposable à toutes les parties, surtout que le domaine du terrorisme, est un domaine où la subjectivité occupe une place prédominante.
Du point de vue non pas d’intentions mais de moyens mis en œuvre : « le terrorisme consiste en la pratique, par une personne, un groupe ou un État, de crimes violents destinés à produire sur leur cible (la population) un sentiment de terreur souvent bien supérieur aux conséquences réelles de l’acte. Le terrorisme vise la population civile en général ou une de ses composantes, une institution ou la structure d 'un État[12]».
Il est défini aussi comme « tout autre acte destiné à tuer ou blesser grièvement un civil, ou toute autre personne qui ne participe pas directement aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, par sa nature ou son contexte, cet acte vise à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une Organisation Internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque[13]. »
Le terrorisme n’exige pas que les actes réalisés soient de nature à atteindre ce but et encore moins qu’il ait été effectivement atteint. Il apparaît surtout comme une menace, et c’est le maître-mot, pour les fondements de l’État de droit[14].
Quant au terme « djihadisme ou jihadisme », est une idéologie politique…qui prône l'utilisation de la violence afin d'instaurer un « État islamique » ou de rétablir un « califat. » Il ne faut pas le confondre avec le terme « djihad » qui malheureusement, souvent, sciemment, mal utilisé et « décontextualisé ». Le mot (djihad) désigne les efforts que le musulman mène contre ses pulsions individuelles et pour la construction d’une société juste où le bien triomphe du mal. Cette lutte pour accomplir le bien et protéger les communautés contre l’injustice et l’oppression peut exceptionnellement prendre des formes violentes lorsque le Djihad est une mesure d’autodéfense. Dans son sens fondamental, le Djihad doit obéir à un certain nombre de conditions[15].
De l’évolution rapide de l’EIA0…
Depuis l’effondrement spectaculaire du « califat » de l’Etat islamique (EI) en 2017, responsables politiques et observateurs se demandent si la reprise des attaques de l’EI en Iraq en 2020 signale une résurgence du groupe. Une chose est certaine, en Afrique subsaharienne, les insurgés liés à l’EI semblent connaître une certaine réussite. Ce dernier qui opère au Sahel a gagné en importance, résistant aux initiatives des armées régionales. Au Mozambique, de l’autre côté du continent, les insurgés liés à l’EI ont ouvert un nouveau front dans le nord du pays, riche en gaz.
Dans le nord-est du Nigeria et le bassin du lac Tchad, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO, ou ISWAP en anglais), une dissidence du mouvement souvent connu sous le nom de Boko Haram et qui revendique son affiliation à l’EI, multiplie ses attaques contre les forces de sécurité[16]. Les attaques meurtrières dans cette partie du bassin du lac Tchad sont de plus en plus récurrentes et leurs conséquences sont nombreuses. L’essor rapide de l’EIAO – qui a défié les opérations militaires conjointes menées par les pays riverains du lac Tchad[17] dans leurs zones frontalières – est encore mal compris, tout comme la nature de ses liens avec l’EI[18].
Cependant, une chose est certaine. C’est que le groupe jihadiste mondial qu’est l’EI a joué un rôle essentiel dans le repositionnement des insurgés du lac Tchad sous sa franchise et leur a fourni une aide concrète précieuse qui a dopé leur lutte armée. Pourtant, l’implication de l’EI a souvent été déterminée par des événements et des décisions prises en Afrique par des acteurs locaux, plutôt que par les choix formulés au Levant.
Les insurgés nigérians ont été intéressés par l’EI dès qu’il a commencé à gagner en visibilité. La proclamation du califat au Levant par Abou Bakr al-Baghdadi en juin 2014 a marqué les camps jihadistes au nord-est du Nigeria. En août, Abubakar Shekau, alors chef et « imam » de Boko Haram (connu officiellement sous le nom de Jama’tu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad, ou JAS), a publié sa propre déclaration, annonçant que le territoire acquis par le JAS était « un Etat parmi les Etats de l’islam ».
Les membres du JAS qui étaient les plus favorables à des liens avec l’EI étaient alors ceux qui avaient la plus grande expérience internationale et qui étaient convaincus que des liens à l’étranger permettraient d’intensifier et d’améliorer leurs opérations. Certains d’entre eux avaient passé du temps en Algérie ou au Soudan dans les années 1990 avant de rejoindre Boko Haram, d’autres avaient eu auparavant des contacts avec al-Qaeda au Maghreb islamique, et d’autres encore avaient participé au jihad en Somalie[19].
Il reste difficile de savoir exactement comment les premiers contacts entre le JAS et l’EI ont été forgés, mais les transfuges signalent que la communication par Internet était fréquente dès 2015. Les deux organisations échangeaient dès lors des enregistrements audios, des vidéos, des photos et des documents sur les combats récents, l’organisation interne et la doctrine religieuse, parfois quotidiennement. Les dirigeants des deux camps avaient parfois des conversations en direct[20]. Nous faisons abstraction des désaccords d’ordre stratégique pour lesquels les conséquences sont désormais connues. Ces désaccords n’ont cependant pas dissuadé l’EI de renforcer son soutien aux insurgés du lac Tchad. L’EIAO a par exemple reçu de nombreux conseils en matière militaire et d’assistance financière[21].
Aux origines, plusieurs facteurs dont l’absence des Etas…
Le terrorisme de Boko Haram[22] n’est en réalité, comme d’ailleurs tout le terrorisme pseudo-islamiste[23] qui ensanglante le monde, qu’un catalyseur de facteurs politiques, sociaux et économiques fragiles et inégalitaires[24]. Il fonde son action sur l’exclusion de la mondialisation et son corollaire, la paupérisation d’un grand pan des composantes sociales de la région du bassin du lac Tchad ; il rend responsables, l’éducation et la culture occidentale, qui seraient mises en place par les gouvernants locaux. Ce terrorisme, alors même non religieux, se teinte d’un penchant spirituel où l’idéologie dépasse et transcende désormais les seuls objectifs sociopolitiques. Il apparaît ainsi comme la cristallisation de frustrations sociales et politiques autour du facteur religieux. En effet, la zone du bassin du lac Tchad est, dans chacun des quatre pays concernés par le conflit, une des plus en retard sur tous les aspects du développement humain en violation des droits sociaux des habitants. Les États y sont quasi-absents. Ce qui constitue un terreau favorable à la secte[25].
En effet, aussi bien la naissance que la croissance de Boko Haram sont liées à l’absence des États de la sous-région du bassin du lac Tchad. Cette défaillance des États est incarnée par leur omission ou leur incapacité à assurer aux populations qui y vivent, ne serait-ce que les droits sociaux[26] de base, que sont l’éducation, la santé et le droit à la sécurité[27]. Par conséquent, le groupe Boko Haram a trouvé en réalité un terrain favorable à son implantation du fait de facteurs sociaux endogènes.
Il s’est alimenté aux sources de circonstances complexes, dont, des tensions politiques entre les communautés chrétiennes et musulmanes au Nigeria, un sens insuffisant de la citoyenneté et de la loyauté envers les États, le crime organisé qui s’est développé dans la zone sous forme de vols à mains armées et de trafic de divers types, auxquels s’ajoutent l’illettrisme, la faiblesse de la gouvernance, des systèmes de justice inadaptés, et des services sociaux insuffisants voire inexistants. Boko Haram exploite ces circonstances et contribue à la création de ce que les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont appelé un « arc d’instabilité » couvrant le Sahara et le Sahel. Cette situation confirme bien le fait « que l’extrémisme violent fleurit lorsque les groupes sont marginalisés, l’espace politique se rétrécit, les droits humains sont bafoués et les gens sont privés de perspectives et de débouchés dans leur vie »[28].
D’ailleurs, à ce titre, il est essentiel de revoir la stratégie de « tout sécuritaire » et d’apprécier la problématique de la sécurité dans une approche globale en tenant compte de plusieurs indicateurs (la sécurité alimentaire, sanitaire et la faiblesse de la couverture sociale, la criminalité, l’inégalité sociale et le chômage, le changement climatique et la gouvernance[29] etc.) Cela permettra aux différents acteurs concernés, principalement les Etats de proposer des solutions adéquates et efficaces.
Par ailleurs, si on considère la sécurité alimentaire, sanitaire et la faiblesse de la couverture sociale, les pays comme : le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad se retrouvent dans la dernière ligne de classement mondial dans le monde. Pire, si on s’intéresse à l’indice de couverture maladie (ICM), tous les quatre pays ont un indice inférieur à la moyenne des pays avec un développement humain faible.
Intéressons-nous maintenant à la qualité des institutions représentée ici par les six variables de gouvernance développées par Daniel Kauffman (KAUFFMANN, D. 2010). Le premier constat qu’on fait avec les pays du Bassin du Lac Tchad, c’est qu’en matière de gouvernance, il reste beaucoup à faire puisque la situation n’est pas reluisante. Pour tous les pays, les valeurs sont négatives (mauvaises performances). Par exemple par rapport à l’indicateur « stabilité politique et absence de violence » qui mesure la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme, les réalisations au sein des pays du Bassin du Lac Tchad sont très faibles : Cameroun -1.38, Niger -1.26, Nigéria -2.19, Tchad -1.48[30]. Les exemples sont lésion.
Il apparaît clairement que la situation sécuritaire de cette zone explique pourquoi elle est confrontée à de véritables freins au développement économique ainsi que la prise en charge des populations de leur bien-être sociale. En plus de cela, le Bassin du Lac Tchad est réputé être un environnement en manque de concertation et d’implication de la société civile pour la prise de décision, un manque de confiance des citoyens à l’endroit de leur système judicaire (indicateur de la primauté du droit très faible[31]).
Quelles sont les réponses régionales face cette nébuleuse secte ?
Il existe un grand nombre d’institutions crées dans le cadre de la paix et la sécurité dans le Bassin du Lac Tchad. Le Conseil de sécurité de l’ONU est aujourd’hui la tête de pont des institutions internationales du système des nations unies qui luttent pour la sécurité dans le monde. La situation dans le Lac Tchad ne pouvait que retenir l’attention d’une telle institution.
Le Conseil de Sécurité, un des organes spécialisés des Nations Unies a articulé certaines thématiques autour de la sécurité des personnes. Nous pouvons noter entre autres la protection des civils en période de conflit armé, du statut et de la protection des enfants dans les conflits armés, de la protection et du rôle des femmes dans la recherche de la paix et de la sécurité, des réfugiés et des personnes déplacées. A côté du Conseil de Sécurité des Nations Unies, se trouve également l’Union Africaine (UA) au niveau africain[32].
Le préambule de l’Acte de la création de cette institution africaine, les Présidents signataires se disent : conscients du fait que le fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au développement socio-économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité comme condition préalable à la mise en œuvre de l’agenda 2061 dans le domaine du développement et de l’intégration[33].
Si l’objectif premier d’une organisation régionale ou sous régionale est d’abord et avant tout la protection des personnes et de leurs biens, force est de constater que l’Afrique peine à sécuriser ses populations. La sécurité est relative et varie d’un pays à un autre. C’est pourquoi les dirigeants se disent « résolus à promouvoir et à protéger les droits de l’Homme et des Peuples, à consolider les institutions et la culture démocratique à promouvoir la bonne gouvernance et l’État de droit ».
L’article 3 de l’Acte Constitutif de l’UA semble reconnaitre l’importance de la paix et de la sécurité et fait état des objectifs de l’Union. La promotion de la paix et de la sécurité, la stabilité et la promotion de la bonne gouvernance sont entre autres les maitres mots. Comme partout ailleurs sur le continent, il est difficile de voir un pays qui a réussi à atteindre ces objectifs fixés par l’institution panafricaine donc applicables aux Etats membres.
Si les pays anglophones, à l’exception de quelques-uns, font mieux que ceux de la zone francophone où l’instabilité politique et la faiblesse des institutions de la République sont monnaies courantes, il n’en demeure pas moins que le phénomène de terrorisme et de criminalité transfrontalière touche l’ensemble des Etats. En Afrique de l’Est avec la Somalie qui ne cesse de retenir l’attention du monde, l’Afrique de l’Ouest est confrontée depuis presque qu’une dizaine d’années à la déstabilisation des Etats des coups de force qui viennent s’ajouter aux activités des terroristes et autres narcotrafiquants qui secouent toute la bande sahélienne. Le Maghreb n’en finit pas non plus avec les conséquences du printemps arabe qui a succédé aux mouvements salafistes et extrémistes pour lesquels aucune fin n’est d’ailleurs envisagée[34].
Quant au Bassin du Lac[35] Tchad, une particularité significative est qu’elle contient en son sein des pays qui appartiennent à fois à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Niger et Nigéria) et à la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (Cameroun et Tchad). Connue comme étant une région où sévit l’insécurité depuis la période précoloniale avec toutes sortes de pratiques criminelles, la situation s’est considérablement dégradée avec l’apparition de la secte nigériane Boko Haram qui ne cesse d’en faire son sanctuaire.
Avec la régionalisation de la crise générée par ce mouvement islamiste, ces deux institutions tentent de régler de façon concertée cette crise. En plus de ces deux institutions supranationales, il y a la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) dont les quatre pays sont membres. Il faut toutefois noter que les États de la CEMAC n’ont pas mis en place des institutions propres en matière de sécurité humaine même si cette question est touchée par certains États de la CEMAC dans le sens de la protection civique, de gestion des catastrophes ou encore de la protection des individus à travers des dispositifs sécuritaires ou de défense (ATANGANA, E. M., 2017). Les pays qui composent le Bassin du Lac Tchad appartiennent également d’autres regroupements régionaux différents notamment la Communauté du Golfe de Guinée (CGG).
La création de la Force opérationnelle interarmées multinationale (MNJTF)
La Force opérationnelle interarmées multinationale (MNJTF) a été créée en 1994 par la République fédérale du Nigéria pour faire échec au banditisme armé transfrontalier autour de la zone générale du bassin du lac Tchad (LCB) et faciliter la libre circulation le long de la frontière nord-est du Nigéria. Initialement, la Force ne comptait que des troupes de l'armée nigériane mais opérait en liaison avec les militaires et les agences de sécurité des pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT).
Cependant, en 1998, la Force a reçu un coup de pouce et a été rendue entièrement multinationale par l'inclusion de troupes tchadiennes et nigériennes qui, aux côtés de leurs homologues nigérians, avaient pour mandat de faire face aux défis de sécurité transfrontaliers communs dans la région du lac Tchad. La création de cette force a complètement changé le cours des événements dans la région et la situation d'insécurité dans le LCB s'est considérablement atténuée jusqu'en 2009, lorsque le groupe Boko Haram a fait surface dans la zone générale. Cela a replongé le LCB dans un état d'insécurité car les bandits et autres gangs criminels transfrontaliers qui opéraient auparavant au sein du LCB ont fourni la base de recrutement des insurgés.
En 2014, la vague d'activités de Boko Haram s'est intensifiée, entraînant le déplacement de communautés ainsi que le délogement de certains sites militaires. Par coïncidence, l'ancien quartier général de la Force opérationnelle interarmées multinationale à Baga a été envahi par le groupe en 2015. Les atrocités du groupe Boko Haram ont encore entraîné la détérioration des activités socio-économiques dans la région. Cela a obligé les pays membres de la CBLT à se rabattre sur le cadre de sécurité existant- la MNJTF. Ainsi, lors de la réunion des chefs d'État et de gouvernement tenue à Addis-Abeba le 29 janvier 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a décidé de soutenir les efforts des États membres de la CBLT et du Bénin à travers une autorisation de déploiement de la MNJTF. Ainsi, la MNJTF a été remodelée et ré-opérationnalisée avec une capacité accrue d'environ 10 000 hommes et son nouveau quartier général à N'Djamena - Tchad.
La nouvelle Force a été mandatée par la CBLT pour « créer un environnement sûr et sécurisé dans les zones touchées par les activités de Boko Haram et d'autres groupes terroristes, afin de réduire considérablement la violence contre les civils et les autres abus, y compris les abus sexuels et sexistes » ; la violence, dans le plein respect du droit international, y compris le droit international humanitaire et le HRDDP des Nations Unies ; faciliter la mise en œuvre des programmes de stabilisation globale par les États membres de la CBLT et le Bénin dans les zones touchées, y compris la pleine restauration de l'autorité de l'État et le retour des personnes déplacées et des réfugiés ; et faciliter, dans la limite de ses capacités, les opérations humanitaires et l'acheminement de l'assistance aux populations affectées. La Force a commencé ses opérations le 30 juillet 2015 avec le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigéria en tant que pays contributeurs de troupes, chacun ayant un secteur de force de brigade domicilié dans le pays. La République du Bénin a également fourni une compagnie de troupes à la Force, mais pas en capacité de combat[36].
En effet, dans cette zone, Bokou Haram a recruté, réarmé, pillé, kidnappé, mené des attaques de vengeance et, dans l'ensemble, promu son idée d'un « califat » ouest-africain. . Il a exploité les relations familiales transfrontalières, ainsi que les liens ethniques, commerciaux et religieux, pour offrir à ses jeunes recrues des opportunités économiques, les accompagnant généralement plus tard d'un endoctrinement religieux. Le groupe a profité, du moins dans un premier temps, de la méfiance des communautés des zones frontalières vis-à-vis des autorités étatiques. Il a également exploité les tensions intercommunautaires dans ces zones. Surtout, sa présence transfrontalière a permis au groupe de survivre dans des périodes où il était sous la pression de l'armée nigériane et en contrebas[37].
La force conjointe a mené des opérations périodiques, impliquant souvent des troupes d'un pays combattant dans le pays voisin. Les offensives ont remporté des victoires et contribué à insuffler un esprit de corps parmi les troupes participantes. Cette dernière a apporté quelques dividendes. Travailler ensemble a permis aux forces de différents pays d'apprendre les unes des autres, de promouvoir l'idée de coopération transfrontalière et d'améliorer la coordination tactique.
Des opérations conjointes, impliquant principalement des troupes tchadiennes déployées dans les autres pays, ont contribué à endiguer la propagation de Boko Haram en 2015 et 2016 et ont comprimé le groupe, entraînant sa scission en au moins trois factions. De courtes offensives de la MNJTF en 2017 et 2018, ainsi qu'une opération plus soutenue en 2019, ont également annulé les gains des militants, libéré des civils capturés par eux ou piégés dans des zones contrôlées par Boko Haram et facilité l'acheminement de l'aide humanitaire.
Cependant, l'efficacité de la MNJTF a souffert de la confusion sur les priorités, de la réticence des quatre États à céder le commandement à la force elle-même et des retards de financement et d'approvisionnement. Pourtant, les avancées contre Boko Haram et ses ramifications ont été pour la plupart de courte durée. Les factions djihadistes ont constamment résisté aux offensives. Leur résilience est due en partie à leur capacité à s'échapper vers d'autres zones et en partie à l'incapacité des États eux-mêmes, en particulier le Nigéria, à faire suivre les opérations militaires d'efforts pour reconstruire et améliorer les conditions des habitants des zones reprises. Le fait que les opérations antérieures n'aient pas été soutenues n'a probablement pas aidé, bien que les djihadistes aient rebondi après la campagne encore plus longue de 2019 - un assaut militant en mars 2020 contre une base sur le lac Tchad a été l'un des plus sanglants du conflit à ce jour, tuant quelque 90 soldats tchadiens[38]. La MNJTF souffre également de limitations structurelles. Sa chaîne de commandement est faible, même selon les normes des forces multilatérales, car elle comprend des unités de forces nationales combattant principalement dans leur propre pays. De nombreuses troupes de la MNJTF entrent et sortent de la force comme bon leur semble. L'organe de surveillance civile aux ressources insuffisantes, la CBLT, a eu du mal à exercer son autorité sur la force ou à freiner les abus des soldats qui restent responsables devant les hiérarchies nationales.
L'UA autorise la force mais a également peu de contrôle sur elle, bien que l'organisme ait tenté de forger une pratique commune sur le traitement des militants capturés et de leurs associés. Les retards de financement et d'approvisionnement - l'UE finance la force par l'intermédiaire de l'UA, mais l'argent européen a longtemps été bloqué à Addis-Abeba - ont retardé les équipements critiques et alimenté la récrimination des acteurs impliqués. Vrai, les carences du MNJTF n'expliquent qu'en partie la persistance du militantisme autour du lac Tchad. Les efforts contre les djihadistes dépendent principalement des politiques des États eux-mêmes, dont les opérations conjointes ne sont qu'une composante. Pourtant, les défauts de la force limitent son efficacité[39].
Pour faire de la force conjointe un élément plus efficace des efforts de lutte contre les insurrections « djihadistes » de la région, les pays du lac Tchad devraient :
ü Renforcer sa planification, sa coordination et son partage de renseignements. Les gouvernements et les chefs militaires devraient s'orienter vers le partage de plus d'informations avec la force conjointe et donner aux hauts responsables une plus grande latitude pour déterminer ce qui peut être partagé et ce qui doit être retenu pour des raisons de sécurité. Ils devraient engager des troupes pour des périodes plus prolongées et préciser quand les forces nationales agissent sous le commandement de la MNJTF.
ü En collaboration avec l'UA, intensifier la formation aux droits de l'homme et le suivi des abus afin d'améliorer la conformité des unités de la FMM avec le droit international humanitaire et les nouvelles normes de l'UA en matière de conduite et de discipline. La MNJTF devrait accorder une attention particulière au traitement des combattants de Boko Haram capturés ou qui se sont rendus, en veillant à ce que les unités les remettent rapidement aux autorités civiles. Cela aidera les États du lac Tchad à améliorer leurs liens avec les habitants qui, autrement, pourraient voir des troupes maltraiter leur jeunesse.
ü Permettre au MNJTF de mieux soutenir la stratégie de stabilisation régionale 2018 de l'UA, qui vise à améliorer les services et à créer de nouveaux moyens de subsistance dans les zones touchées par le conflit. Il s'agirait de renforcer la capacité de la force conjointe et de la CBLT à coopérer avec les acteurs civils en charge de la stratégie. Pour assurer un meilleur contrôle, en particulier sur les droits de l'homme, les États du lac Tchad devraient progressivement transférer les composantes civiles de la force financées par l'UA, qui relèvent désormais du commandant militaire, vers la CBLT.
En fin, l'UA et les donateurs, principalement l'UE, devraient soutenir les étapes ci-dessus. Ils devraient faire pression pour apporter de telles améliorations sans créer une lourde bureaucratie. Il est également urgent que les donateurs, l'UA et les États du lac Tchad parviennent à un consensus durable sur le soutien financier.
L’initiative individuelle du Tchad
Il convient de rappeler que l’ampleur et la menace des activités de Boko Haram et de l’EIAO au Tchad ont fluctué au fil des ans. Le massacre entre autres d’environ 2000 civils survenu en janvier 2015 dans la ville de Baga Kawa (parfois dénommée seulement Baga), un important centre commercial et port nigérian sur le lac Tchad, avait alors mobilisé plus de 1000 soldats tchadiens au Nigeria pour chasser Boko Haram hors de ses bastions nigérians dans l’État de Borno. Malgré le succès de l’opération, la riposte ne s’était pas fait attendre. Boko Haram n’avait pas tardé pas à planifier et commettre de multiples attentats-suicides à N’Djamena en 2015, et ses militants dispersés s’étaient attelés à assurer des arrières sur les nombreuses îles du lac, dont celles de la province du Lac[40].
L’attaque de Bohoma
L’augmentation du nombre d’attaques et de morts au Tchad en 2019 suggère que l’attaque du 23 mars sur l’avant-poste militaire de Bohoma s’inscrit dans une tendance générale de Boko Haram et de l’EIAO à prendre de l’ampleur au Tchad, tant sur le terrain qu’au niveau des effectifs. Lors de l’attaque de Bohoma, des centaines de militants ont pris d’assaut la base militaire sur quatre fronts à l’aide d’au moins cinq bateaux équipés de moteur hors-bord. Cette attaque surprise, amorcée juste avant l’aube, s’est poursuivie jusqu’à midi, heure du repli des soldats tchadiens. Les combattants de Boko Haram ont ensuite mis la garnison à sac, pillant le matériel ou détruisant les équipements laissés derrière eux, dont une vingtaine de véhicules militaires. Cette attaque est la plus importante lancée par Boko Haram en dehors du Nigeria ces dernières années.
Au-delà de l’effet de surprise et de l’effectif élevé des troupes de Boko Haram, cette bataille a montré l’augmentation de ses capacités en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance dans la région. En effet, les militants de Boko Haram ont réussi à tendre une embuscade aux renforts faisant route pour venir en aide aux victimes de Bohoma. Les islamistes savaient peut-être aussi que les troupes de Bohoma avaient récemment été relevées par des soldats connaissant moins bien la région et moins expérimentés dans la lutte contre les insurgés. De plus, le fait que la mobilisation de centaines de combattants de Boko Haram ait pu passer au travers du radar des Tchadiens suggère une défaillance de leurs propres capacités dans ces domaines.
Opération Colère de Bohoma
La riposte des forces armées et du gouvernement tchadiens ne s’est pas fait attendre. En effte, l’ancien président Tchadien, le défun s’est rendu en personne à Bohoma pour constater les dégâts sur le champ de bataille. Il est ensuite resté dans la province du Lac pour annoncer 3 jours de deuil national en l’honneur des 98 soldats tombés au front, avant de lancer une opération militaire baptisée « Colère de Bohoma » le 31 mars[41].
L’opération a mobilisé des centaines de soldats, dont un bataillon initialement déployé dans la région du Liptako-Gourma, dans le Sahel central, à l’intersection des frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L’opération s’est déroulée dans les départements de Kaya et de Fouli, dans la province du Lac, et au-delà de leurs frontières, au Niger et au Nigeria. Les deux départements ont été placés en état d’urgence et déclarés zones de guerre. Au cours de l’opération, les forces armées tchadiennes ont procédé à un « nettoyage » systématique des zones en utilisant une stratégie d’intervention dans cinq secteurs afin d’éliminer la présence islamiste dans la région.
L’opération, qui visait à la fois les forces de Boko Haram et de l’EIAO, s’est officiellement terminée le 9 avril après que les soldats tchadiens ont repoussé les derniers contingents islamistes en territoires nigérian et nigérien, détruit leurs bases et récupéré le matériel laissé sur place. L’opération a coûté la vie à cinquante-deux soldats tchadiens. Deux postes de commandement de groupes islamistes n’ont pas survécu à l’opération. Selon le bilan officiel, environ 1000 « djihadistes » auraient été neutralisés et 58 suspects faits prisonniers, des dizaines de bateaux à moteur détruits et d’importantes caches d’armes retrouvées. Les prisonniers ont été transportés dans une prison de N’Djamena pour une enquête plus approfondie, mais 44 d’entre eux y ont été retrouvés morts suite à ce qui semble être un suicide collectif[42]
Par ailleurs, il convient de souligner qu’individuellement ou collectivement, les pays du bassin du lac Tchad ont mis en œuvre diverses stratégies pour endiguer la menace qui pèse sur la sécurité des personnes et de leurs biens. Deux principales approches ont été développées. Il s’agit de l’approche militaire et de l’approche de conciliation. En effet, bien que les États déclarent reprendre du terrain des mains des terroristes, la réalité et faits montrent que ces approches ne sont pas parvenues à endiguer de façon significative l’avancée du phénomène, encore moins à mettre fin au chaos et au désordre semé par ce fléau.
Il s’agit ainsi de mettre en place en ensemble d’actions visant à dialoguer et à négocier avec le groupe terroriste afin de trouver une issue pacifique (AGBIBOA, D., 2013a ; 2013b). L’image de la stratégie militaire a échoué et s’est trouvée inefficace[43]. Il est donc plus que nécessaire d’envisager une approche globale qui, prend en compte principalement, l’aspect économique, social et le respect des droits humains. En effet, les terroristes savent bien profiter de la faiblesse de la gouvernance de nos Etas, de la situation précaire des populations, particulièrement des jeunes. En outre, des frontières poreuses, des tensions ethniques croissantes et un taux de chômage élevé en particulier chez les jeunes - ont créé un environnement propice à la prolifération des organisations terroristes.
Force est de constater que « le terrorisme a installé une économie de la terreur. Les groupes terroristes corrompent les jeunes pour favoriser leur adhésion aux crimes organisés. Les facteurs explicatifs de cette adhésion à la mafia sont le chômage, la précarité sociale, les valeurs religieuses, les motivations matérielles.[44]» Ce qui explique d’ailleurs la constance de la trilogie « chômage-pauvreté-exclusion sociale » dans le processus complexe de la « radicalisation des jeunes. »
En effet, les frustrations socioéconomiques auxquelles font face notamment les jeunesses africaines, participeraient grandement à leur radicalité, laquelle est, dans un premier temps, un moyen de donner sens à une existence peu valorisée par les rouages des systèmes en place avant l’extériorisation de cette frustration par de la violence. Il importe aussi de souligner que les progrès que les technologies de l’information et de la communication ont enregistrés ces dernières décennies, à l’instar de l’internet, ont facilité la propagation des exactions des groupes terroristes sur la toile. Ce qui est dans une moindre mesure un canal de radicalisation, de recrutement de candidats au « djihad » et de terrorisme in fin[45].
C’est pourquoi, les organisations internationales, régionales comme sous régionales, de même que les Etats et instituts de recherche l’ont bien comprise et s’intéressent davantage à ces facteurs.
[1] Actuellement, 50% des questions de l’ordre de jour du conseil de sécurité des Nations Unies et 70% e celles inscrites au titre de chapitre 7 concernent l’Afrique.
[2] Revue africaine sur le terrorisme, Volume 11. Numéro 3. Décembre 2021, p38. https://au.int/sites/default/files/documents/41778-doc-Revue_Africaine_sur_le_Terrorisme_Volume_11_Numero_3.pdf
[3] Abdennour Benantar, dans « les initiatives de sécurité au Maghreb et au Sahel : le G5 Sahel mis épreuve », éd ; HARMATTAN, mai 2019, p280, pp.33.
[4] Jeromino Barbin « la guerre hybride : un concept stratégique flou aux conséquences politiques réelles » cité par Abdennour Benantar, ibid.
[5] F.G Hoffman “ hybrid threats’ : neither omnipotent nor Unbeatable” cite par Abdennour Benantar, ibid.
[6] Xavier RAUFER, “Menaces terroristes, criminelles, hybrides, la perspective large.” Disponible sur http://classiques.uqac.ca/contemporains/raufer_xavier/menaces_terroristes/menaces_terroristes.pdf
[7] ONG, FIRMES MULTINATIONALES, GROUPES RELIHIEUX, MAFIAS…
[8] Revue africaine sur le terrorisme, op. ; Cit., p 15
[9] Ibid.
[10] Les facteurs d’ordre politique, économique, idéologique essentiellement.
[11] D.BIGO « L’impossible cartographie du terrorisme », Cultures et Conflits. Disponible sur http://conflits.revues.org/index1149.html
[12] Voir http://www.cvm.qc.ca/encephi/Syllabus/Histoire/Articles/Terrorisme.htm
https://www.wikiberal.org/wiki/Terrorisme
[13] Article 2 (b) de la Convention Internationale pour la répression du financement du terrorisme (1999).
[14] Voir LA POLITIQUE ANTI-TERRORISTE DU CAMEROUN - CONFRONTATION, ENDIGUEMENT, INSERTION ET REHABILITATION. https://www.imctc.org/fr/eLibrary/Articles/Pages/articles03052021.aspx
[15] épuiser toutes les options pacifiques, faire le Djihad au nom d’ALLAH, déclarer formellement la guerre, déclarer la guerre par l’autorité compétente, ne pas prendre la forme d’un acte d’agression, ne pas viser un peuple auquel on est lié par un pacte de défense mutuelle ou de non-agression en vigueur, ne pas faire de prisonniers parmi les personnes de religion musulmane au moment où elles sont attaquées, libérer les prisonniers sans conditions comme l’a fait le Prophète ou contre paiement d’une rançon, épargner les femmes, les enfants, les vieillards, les arbres fruitiers, les animaux, les lieux de culte musulmans, chrétiens et juifs, s’abstenir de pratiquer la tactique de la terre brulée.
[16] Vincent Foucher, Les franchises de l’Etat islamique en Afrique : les leçons du lac Tchad. Disponible sur https://www.crisisgroup.org/fr/africa/west-africa/nigeria/islamic-state-franchises-africa-lessons-lake-chad
[17] Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad ( les plus touchés)
[18] Maintenant, dorénavant, le lien entre les deux groupes terroriste est de plus en plus démontré par les experts.
[19] Vincent Foucher, Les franchises de l’Etat islamique en Afrique : les leçons du lac Tchad ; op ; Cite.,
[20] Ibid.
[21] Ibid.
[22] En raison de sa doctrine qui condamne l’adoption de la culture et des valeurs occidentales, l’appellation « Boko Haram » lui a été donnée par les populations du nord du Nigéria. Elle signifie en haoussa : « l’éducation occidentale est un péché ».
[23] Semih Vaner, directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales, soutient que « le terrorisme islamique n’existe pas. Existe un terrorisme (des terrorismes) pour la résistance (quelle que soit la légitimité de cette résistance), mais surtout pour la lutte pour le pouvoir politique et économique. » Citer par Vincent Foucher ; Voir fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme_islamiste
[24] D. Baillet considère que les causes sont à la fois économiques, politiques, sociales et psychologiques : Sur le plan économique, il serait ainsi nourri par le déséquilibre nord-sud, vu que le monde musulman, se trouve dans une situation économique de « sous-développement »; Sur le plan politique, il serait nourri par le caractère despotique et autoritaire des régimes en place depuis la décolonisation ainsi que par les problèmes non résolus comme le problème palestinien, et l’embargo irakien. Sur le plan social il serait nourri par une pauvreté croissante, le chômage, la détresse sociale, et l’absence des libertés individuelles. Les autres causes sont psychologiques: elles peuvent notamment être provoquées par le désenchantement, le rêve d’un monde meilleur, le rejet du matérialisme, le ressentiment, la frustration, le manque de reconnaissance. Voir Baillet Dominique, ISLAM, ISLAMISME ET TERRORISME, file:///C:/Users/CBS/Downloads/SN_016_0053.pdf
[25] V. Foucher. Ibid.
[26] Dans sa signification la plus large telle que prévue par la déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». Art 25.
[27] Ibid.
[28] Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations Unis lors d’un débat public devant le conseil de sécurité le 14 Avril 2016. CS/12320, 7670e séance;
[29] Revue africaine sur le terrorisme, Volume 11. Numéro 3. Décembre 2022, op. cit., p126.
[30] Ibid. P127.
[31] Ibid. P128.
[32] Ibid.
[33] Ibid.
[34] Ibid.
[35] Le bassin du lac Tchad est un vaste espace qui s’étend sur cinq pays situés autour du lac Tchad (Cameroun, Centrafrique, Niger, Nigeria, Tchad), ainsi qu’aux confins du Soudan, de la Libye et de l’Algérie. Le bassin du lac Tchad ainsi considéré correspond aux limites maximales d’extension du bassin hydrographique du lac Tchad (Méga-Tchad). Le bassin du lac Tchad est aussi une région actuelle, formée par des pratiques communes, des échanges et des facteurs d’homogénéité sociale (RAIMOND et al., 2005).
[36] Voir https://mnjtffmm.org/about/
[37] RAPPORT CRISIS GROUPE ; Quel rôle pour la force multinationale mixte dans la lutte contre Boko Haram ? P10. Disponible sur https://www.crisisgroup.org/fr/africa/west-africa/what-role-multinational-joint-task-force-fighting-boko-haram
[38] Ibid. Il faut noter que ce chiffre est variable…
[39] Ibid.
[40] Daniel Eizenga, Le Tchad intensifie sa lutte contre Boko Haram. Disponible sur https://africacenter.org/fr/spotlight/le-tchad-intensifie-sa-lutte-contre-boko-haram/
[41] Ibid.
[42] Ibid.
[43] Revue africaine.. op. cite. P130
[44] Dr Bakary SAMBE, lors de la 11ème Edition de la Journée Portes Ouvertes du GIABA. Elle est placée sous le thème : « Rôle des jeunes dans la prévention et la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme».
[45] Rapport sur les facteurs de radicalisation et perception du terrorisme chez les jeunes des zones frantalières du Sénégal et de la Gunée, P22. Disponible sur http://timbuktu-institute.org/media/attachments/2020/10/24/timbuktu-kas-rapport-novembre-2018.pdf
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