La manifestation des phénomènes naturels ne date pas d’aujourd’hui .Elle est liée à l’existence même de l’Homme. Elle peut prendre plusieurs formes. C’est le cas du changement climatique. Depuis la révolution industrielle au XIX siècle, le réchauffement climatique s’est particulièrement accéléré. Les années 2016, 2O17, 2018… ont été considérées comme particulièrement chaudes.
Le rapport d’août 2021 du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) fournit de nouvelles estimations de la possibilité que le réchauffement planétaire excède 1,5 °C au cours des prochaines décennies et fait valoir qu’à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre, la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 °C, ou même à 2 °C, sera hors de portée.
Le rapport montre que les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont élevé les températures d’environ 1,1 °C depuis la période 1850-1900 et conclut que la température mondiale, en moyenne sur les 20 prochaines années, devrait atteindre ou franchir le seuil de 1,5 °C. Cette estimation s’appuie sur de meilleurs jeux de données d’observation pour évaluer le réchauffement passé, ainsi que sur les progrès accomplis dans la compréhension scientifique de la réponse du système climatique aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.
Le changement climatique et ses impacts dominent la scène politique internationale ces dernières années et focalisent l’attention de l’opinion publique.
L’accent mis sur les incidences sécuritaires du changement climatique contribue notamment à faire entrer le changement climatique dans le champ de la politique internationale, en lui conférant le statut de « menace de premier plan » pour la stabilité des Etats et du monde.
C’est à juste titre que plusieurs experts font régulièrement le lien entre le changement climatique et les activités terroristes.
Pour rappel, le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau. Depuis l’antiquité en passant par le Moyen Age, sans compter les anarchistes du XIX siècle ou les cagoulards du début du XX siècle, de nombreux précédents ont émaillé l’histoire de l’humanité ; de petits groupes clandestins guidés par une idéologie, servis par une économie de moyens, menant une guerre asymétrique contre un Etat. C’est une stratégie particulière de la violence qui consiste à défier le pouvoir en perpétrant des actes considérés par la société comme criminels. C’est au XIXème siècle que l’on désigne le terrorisme d’attentats et non plus d’Etat. Il est alors dirigé par des individus ou groupes isolés contre l’Etat. Des principes communs parmi les définitions légales du terrorisme font émerger un consensus sur la signification du concept et alimentent la coopération entre les sujets de droit international. Ces principes situent le terrorisme quelque part entre un acte de guerre en temps de paix et un crime de guerre commis par un organisme non étatique.
Le changement climatique, c’est la variation que connaît le climat à long terme. A la différence de la météo qui étudie l’ensemble des températures, précipitations, vents etc. On s’intéresse ici à des modifications qui ont lieu sur au moins 30 ans. Le phénomène n’est pas nouveau puisque la Terre a toujours subi dans un temps très long de températures importantes, passant de périodes froides dites glacières à des périodes chaudes dites interglaciaires. Il désigne l'ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement. Certaines formes de pollution de l’air, résultant d’activités humaines, menacent de modifier sensiblement le climat, dans le sens d’un réchauffement global.
Quant au terrorisme, puisque le sujet est familier et d’actualité, on serait tenté de penser que la définition du terrorisme est une entreprise inutile. En fait, la question, loin d’être spéculative se situe au cœur du problème sur le terrorisme. Qu’elles soient juridiques ou universitaires, les définitions du terrorisme laissent généralement la doctrine et les spécialistes en droit international perplexes et indécis.
En effet, ces définitions insistent sur la fin poursuivie (violence à finalité politique), soit sur les moyens utilisés (attentats, enlèvements, etc.), soit sur les conséquences attendues (susciter la terreur, imposer des modifications radicales,…).
Par ailleurs, au sens de la convention internationale pour la répression du financement de terrorisme, constitue un acte de terrorisme, « tout acte commis dans l'intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou à des non-combattants, lorsque l'objectif de cet acte, par sa nature ou son contexte, est d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s'abstenir de le faire».
Toutefois, aucune définition consensuelle du terrorisme ne peut émerger. La raison en est aussi simple que trop souvent ignorée : il y a eu au sein même du concept des contradictions et des paradoxes liés à sa nature même ; « le qualificatif terroriste a dérapé : utilisé à l’origine pour désigner des méthodes, des technologies, on l’emploie désormais pour désigner des organisations ou des États ».
Dès lors, en quoi le changement climatique peut-il être considéré comme une source de développement d’activités terroristes ?
En effet, le changement climatique peut constituer un facteur multiplicateur du terrorisme, en raison notamment de la fragilité des Etats.
Il faut voir dans les changements climatiques un multiplicateur de menace qui renforce les tendances, les tensions et l'instabilité existantes. Le principal défi réside dans le fait que les changements climatiques menacent d'accabler des États et des régions déjà fragiles et exposés aux conflits. Il importe d'être conscient que les risques n'ont pas seulement un caractère humanitaire, ils ont aussi une dimension politique et de sécurité qui a une incidence directe sur les intérêts des Etats.
Conformément à la notion de sécurité humaine, il est clair que de nombreuses questions relatives à l'impact des changements climatiques sur la sécurité internationale sont liées entre elles, ce qui nécessite de formuler des réponses globales. Ainsi, la réalisation des Objectifs pour le Développement Durable risque d'être considérablement compromise, car, s'ils ne sont pas atténués, les changements climatiques pourraient fort bien balayer des années d'efforts consentis en faveur du développement.
Le changement climatique ne crée pas de terroristes, mais il aide à instaurer un environnement dans lequel les terroristes peuvent opérer plus librement. Il augmente la pression sur des gouvernements fragilisés permettant aux groupes terroristes de prospérer et détruit les moyens de subsistance rendant les personnes plus vulnérables au recrutement. Ce dernier contribue donc à créer des conditions favorables au terrorisme et au crime organisé. Les cas de l’État islamique en Syrie, du Boko Haram au Lac Tchad sont des exemples frappants.
Dans la région du lac Tchad, de sévères sécheresses ont provoqué un rétrécissement du lac. Il est passé de 25 000 km² avant 1973 à environ 2 000 km² aujourd’hui privant les populations locales d’une ressource essentielle. Ajouté à la surexploitation des sols et à la croissance démographique, ce phénomène a plongé les populations dans une extrême pauvreté, facilitant ainsi le contrôle de la région et le recrutement par le groupe terroriste Boko Haram. Les groupes terroristes utilisent de plus en plus les ressources naturelles comme une arme de guerre, en contrôlant leur accès et en exacerbant leurs pénuries. Plus les ressources sont rares, plus le pouvoir est donné à ceux qui les contrôlent.
Par conséquent, ces populations peuvent alors être tentées de rejoindre les centres urbains paupérisés qui n’offrent ni perspectives d’emploi, ni services publics, du fait d’un État défaillant. Dans ce genre de situation extrême et lorsque l’on a une famille à nourrir, il faut trouver des ressources.
Or, ces dernières peuvent être offertes par la voie de la criminalité ou du terrorisme. Cela signifie que pour subvenir à ses besoins, on peut devenir criminel, passeur de drogue ou encore, être tenté par le terrorisme. La situation de précarité et de détresse peut donc pousser les gens dans les bras des djihadistes, avec un degré d’adhésion plus ou moins important. A cela il faut ajouter d’autres facteurs pouvant fragiliser les Etats ; entre autres :
Conflits à propos des ressources. Les changements climatiques auront pour effet de modifier les modèles pluviométriques et d'amoindrir encore les réserves d'eau douce disponibles dans une proportion pouvant atteindre 20 à 30 % dans certaines régions. Une chute de la productivité agricole entraînera une insécurité alimentaire dans les pays les moins avancés, ou aggravera cette insécurité, et débouchera partout sur une hausse insoutenable des prix des denrées alimentaires (les exemples sont légions).
La pénurie d'eau, en particulier, est susceptible de provoquer des troubles civils et des pertes économiques substantielles, même dans les économies solides. Les conséquences seront encore plus lourdes dans les régions soumises à une forte pression démographique. D'une manière générale, les changements climatiques alimenteront les conflits existants ayant pour enjeu des ressources qui s'épuisent, en particulier lorsque l'accès à ces ressources relève du pouvoir politique.
Pour l’heure, les experts s’accordent pour dire que le changement climatique est un multiplicateur de menaces, au sens où il agit de manière indirecte sur les facteurs d’instabilité et de violence. En effet, les changements climatiques affectent en premier lieu la sécurité humaine des individus. Par exemple, les rendements agricoles peuvent baisser en raison des dégradations climatiques et provoquer une volatilité des prix des produits alimentaires de base. Mauvaise récolte et hausse des prix vont se combiner et accroître l’insécurité alimentaire des individus, en particulier dans les pays en développement où les populations restent très dépendantes de l’agriculture.
Pertes de territoires et litiges frontaliers Les scientifiques prévoient d'importantes modifications des terres émergées au cours du XXIe siècle. Le recul des côtes et la submersion de vastes zones pourraient entraîner des pertes de territoires, et même la disparition de pays entiers, par exemple des petits États insulaires. Les litiges concernant des frontières terrestres et maritimes ou d'autres droits territoriaux vont probablement se multiplier. Il faudra peut-être revoir les règles du droit international, en particulier le droit de la mer, en ce qui concerne le règlement des litiges territoriaux et frontaliers.
La concurrence pour l'appropriation des ressources énergétiques pourrait également prendre la forme d'un conflit pour les ressources situées dans les régions polaires, qui seront rendues exploitables par le réchauffement climatique. La désertification pourrait être à l'origine d'un cercle vicieux enchaînant dégradation, migrations et conflits territoriaux et frontaliers, qui menaceraient la stabilité politique au niveau national et régional.
Situations de fragilité et radicalisation Les changements climatiques pourraient sensiblement renforcer l'instabilité des États faibles ou en déliquescence, en sollicitant à l'excès la capacité déjà limitée des gouvernements à faire face efficacement aux défis auxquels ils sont confrontés. L'incapacité d'un gouvernement à répondre aux besoins de l'ensemble de sa population ou à la protéger face aux difficultés induites par les changements climatiques pourrait entraîner une frustration, des tensions entre différents groupes ethniques et religieux au sein des pays, ainsi qu'une radicalisation politique. Des pays, voire des régions entières, pourraient être déstabilisés.
Il faut souligner avec regret que l'Afrique est l'un des continents les plus vulnérables aux changements climatiques, en raison de contraintes multiples et d'une faible capacité d'adaptation. En Afrique du Nord et dans le Sahel, l'aggravation de la sécheresse, la raréfaction croissante de l'eau et la surexploitation des terres entraîneront une dégradation des sols et pourraient se traduire par la perte de 75 % des terres arables faisant l'objet de cultures pluviales. Le delta du Nil pourrait être exposé à la fois à l'élévation du niveau de la mer et à la salinisation des zones agricoles, ce qui pourrait causer la perte de 12 à 15 % des terres arables d'ici la fin du siècle en raison l'élévation du niveau de la mer, 5 millions de personnes étant touchées d'ici 2050.
En outre, le déplacement des populations n’est pas du reste. Le changement climatique a un impact sur le développement des activités terroristes. En effet la dégradation de l’environnement est une source du changement climatique. Ce qui a pour conséquence : l’avancée du niveau des mers, la fonte des glaces, les épidémies, du désert, la sécheresse etc. Ainsi les populations victimes des effets du changement climatiques sont dans l’obligation de se déplacer à la recherche du bien-être et trouver du refuge ailleurs.
Le déplacement de la population est une source de tensions sociales, de pauvreté. Les groupes terroristes profitent de cette situation de crise et de désespoir des populations déplacées pour récupérer et radicaliser celles-ci.
Au vu de ce qui précédé, il convient entre autres, respectivement aux phénomènes du changement climatique et du terrorisme, d’ :
utiliser les énergies renouvelables à la place des combustibles fossiles :
les énergies renouvelables recouvrent toute forme d’énergie qui est d’origine naturelle mais sans être limitée par les ressources naturelles de la planète. Il s’agit par exemple des électricités éolienne, solaire, hydraulique, houlomotrice et géothermique, qui produisent toutes de l’énergie sans émettre de quantités significatives de gaz à effet de serre ;
réduire les émissions de l’agriculture :
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que l’agriculture est responsable d’environ 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais en revisitant plusieurs principes de l’agriculture traditionnelle dans un cadre contemporain, l’agriculture a aujourd’hui le potentiel d’émettre jusqu’à 6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone en moins d’ici à 2030 ;
la pratique de l’agriculture urbaine :
même si la grande majorité de l’agriculture se pratique en zone rurale, les habitants des villes du monde ont le pouvoir de lutter contre le changement climatique tout en contribuant à une meilleure hygiène alimentaire et à la croissance économique grâce à l’agriculture urbaine, c’est-à-dire au développement de micro-exploitations sur de petites parcelles de terrain.
Quant au phénomène du terrorisme, sachant que la plupart des régions dans lesquelles les terroristes ont réussi à s’implanter connaissent essentiellement des problèmes liés aux besoins fondamentaux (l’éducation, nourriture, l’eau etc.) ; et donc à la pauvreté, aux modes et conservations du pouvoir, à la piètre gestion des ressources publiques, aux tensions communautaires ; il serait judicieux d’entreprendre des :
initiatives visant à soutenir financièrement les Etats qui en ont plus besoin en l’occurrence les Etats en voie de développement;
mesures visant à éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme ;
mesures consistant à lutte contre la pauvreté, le chômage surtout des jeunes, les inégalités sociales, la mauvaise gouvernance etc. ;
mesures visant à renforcer la démocratie et garantir l’Etat de droit dans les régions les plus touchées notamment en Afrique et au Moyen-Orient ;
politiques visant à lutter efficacement contre l’immigration clandestine, en appuyant les pays de départ (sur le plan financier, de formation adéquate des agents de sécurité) et en renforçant les capacités techniques et opérationnelles des organisations internationales intergouvernementales et autres concernées ;
ations politiques et sociales visant à encourager le dialogue des cultures, le vivre ensemble, la tolérance, l’unité dans la diversité pour les pays d’accueil ou de destination ; car le terrorisme n’a ni d’identité ni de couleur et moins encore d’origine contrairement à ce que l’on nous fait croire.
Sources :
X.RAUFER, « Terrorisme, violence : réponses aux questions que tout le monde se pose », Ed. Jean-Jacques Pauvert-Carrère, 1985.
Anthony Amicelle, « Etat des lieux de la lutte contre le financement du terrorisme : entre critiques et recommandations », Cultures & Conflits, disponible sur https://journals.openedition.org
Patrice Regimbald, » Qu’est-ce que le terrorisme? ». Disponible sur http://www.cvm.qc.ca/encephi/Syllabus/Histoire/Articles/Terrorisme.htm
J-F.GAYRAUD et D.SENAT, Le terrorisme, PUF, Collection Que Sais-je ?, Paris, 2002
D. BRENDEL « une petite histoire du terrorisme ». Disponible sur www.jac-cerdac.fr,
Convention Internationale pour la répression du financement de terrorisme
Rapport :think tank allemand, Adelphi, ministère des Affaires étrangères allemand « Insurgence, terrorisme et criminalité organisée dans un monde réchauffé ».https://uneplive.unep.org
Rapport 2021 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2021/08/IPCC_WGI-AR6-Press-Release_fr.pdf&ved=2ahUKEwik3pm_5obzAhUmzYUKHcX5B8gQFnoECAYQAQ&usg=AOvVaw1JNqy1NW-edRepwjEzNBKb
Rapport 2020 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://cdkn.org/wp-content/uploads/2020/04/IPCC-Land_Africa_French_WEB_7Apr2020.pdf&ved=2ahUKEwjUpo_A54bzAhUSxoUKHSxtARsQFnoECBkQAQ&usg=AOvVaw3Rt4aOiSs_zDtwD0MIIJVZ
Rapport 2018 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; Rapport 2018 : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf&ved=2ahUKEwja962W54bzAhUMzoUKHQ-2D2AQFnoECAUQAQ&usg=AOvVaw3PLyCUm2B9ymB-DVhaMERW
Rapport 2016 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://archive.ipcc.ch/pdf/ar6_material/AC6_brochure_fr.pdf&ved=2ahUKEwjF99eA6IbzAhWSx4UKHd17B1cQFnoECAQQAQ&usg=AOvVaw2PqUY8_7_6cveU7d0f3Ffo
Rapport 2015 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ; https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://uneplive.unep.org/media/docs/theme/13/EGR_2015_Technical_Report_FR.pdf&ved=2ahUKEwju84Tq54bzAhUwzoUKHe0IBegQFnoECAMQAQ&usg=AOvVaw13xmeWoH8Vd7PaSmNap1Yz
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Bravo Ousmane de nous édifier sur les conséquences du changement climatique sur le terrorisme. Cet article montre le défi auquel nous sommes confrontés et il est urgent d’agir pour freiner les conséquences désastreuses.